Le mathématicien arabe Al-Khawarizmi résout dans son livre paru en 825 et intitulé kitāb al-mukhtaṣar fī ḥisāb al-jabr wa’l-muqābalah (abrégé du calcul par la restauration et la comparaison) des équations du deuxième degré. Notez que le terme al-jabr du titre nous donnera plus tard le mot algèbre.
On peut résoudre ces équations, et faire la démonstration de la formule quadratique en « complétant le carré ». Voici donc une telle démonstration avec, en prime, et comme au temps d’Al-Khawarizmi, un support géométrique. On a donc On divise chaque terme par et on complète le carré : c’est à dire rajouter une quantité qui fera en sorte que les trois premiers termes constituerons un trinôme carré parfait. Évidemment, il faut aussi retrancher immédiatement cette quantité afin de ne pas changer la valeur du polynôme. Quelle est cette quantité ? Les deux premiers termes, étant ceux qui nous intéressent, sont représentés dans l’illustration suivante
En séparant le rectangle vert en deux rectangle isométriques et en réarrangeant les pièces, on obtient
On se rend compte qu’il nous sera possible de compléter le carré faut en ajoutant tel qu’illustré dans le diagramme suivant
On se retrouve ainsi avec un carré dont les côtés mesurent Enfin bref, on a
ou Il est possible de factoriser le trinôme carré parfait On isole ensuite le carré On met ensuite les termes de droite sur dénominateur commun ce qui nous permet d’écrire Il suffit maintenant d’extraire la racine carrée de chaque côté Et là une propriétés des racines nous permet d’écrire ceci afin de simplifier comme celaIl suffit enfin d’isoler ce qui fait Le but de ce distrayant billet est de présenter une deuxième technique : le changement de variable. On sait que si notre équation ne comporte qu’un terme au carré, par exemple on n’a qu’à extraire la racine carrée des deux côtés afin d’obtenir soit les solutions de l’équation. C’est en quelque sorte une situation idéale. C’est donc le terme du premier degré qui cause problème. Il est possible d’éliminer ce terme avec un changement de variable. Nous avons donc à nouveau On divise ensuite chaque terme par Et là on effectue le changement de variable suivant ce qui fait En développant on obtient puis en regroupant les termes semblables La mise en évidence de donne L’objectif du changement de variable est d’éliminer le terme en . PosonsIl suffit d’isoler puis C’est cette valeur qui fera disparaître le terme du premier degré dans l’équation précédente. Remplaçons En multipliant les parenthèses on obtient puis en simplifiant un peu On obtient ce qui était attenduEn mettant sur dénominateur commun on obtient Puis en isolant et en extrayant la racine carrée de chaque côté de l’égalité Un propriété des racines nous permet d’écrire puis de simplifier Or, on avait posé avecEn remplaçant on obtient et donc Il suffit maintenant de substituer dans ce qui donneet donc Or comme les deux termes sont déjà sur dénominateur commun, on obtient finalement La méthode semble fastidieuse dans ce contexte relativement simple. Mais c’est cette méthode qui est utilisée dans la résolution d’un polynôme du troisième degré. Il est donc préférable d’en avoir pleine compréhension avant de se lancer dans l’entreprise éminemment plus complexe qu’est la résolution d’un polynôme du troisième degré.
Bonjour, pourquoi avons nous choisi de changer x pour y-alpha et non par exemple pas y+alpha ou encore y-2alpha?
Salut Nicolas,
je ne m’étais pas posé la question. J’ai fait “comme d’habitude”. Les autres choix font aussi bien l’affaire. De toute manière, on “défait” notre changement de variable à la fin, donc ça revient au même.
Pourquoi pas y – 2alpha ? Pourquoi ajouter un facteur 2 arbitraire ?
Pourquoi pas y + alpha ? J’imagine que cela nous obligerait à exprimer alpha avec un signe négatif. Ce n’est pas un gros problème en soi, mais comme la démarche fonctionne pour des équations de degrés supérieurs, cela nous obligerait à exprimer tous les “alpha” avec un signe négatif. Pour réduire une équation du deuxième degré, on pose x = y – b/(2a), pour réduire une équation du troisième degré, on pose x = y – b/(3a), pour réduire une équation du quatrième degré, on pose x = y – b/(4a), etc.
J’imagine qu’écrire x = y – b/(3a) est légèrement plus joli qu’écrire x = y + (-b)/(3a) ?