Réflexions

Avec deux points A et B du même côté d’une droite, on cherche un point C sur la droite qui minimise la distance mAC+mCB.  C’est le problème classique de l’homme qui part du village A, s’abreuve à la rivière et termine ensuite sa course au village B.  Le problème, qui est de chercher ici un minimum, enligne souvent les étudiants à placer la droite et les points dans un repère cartésien et à avoir recours au calcul différentiel.  Voici plutôt une preuve géométrique plus élémentaire.

On identifie B, réflexion de B par la droite.  On trace ensuite AB.  On prétend que l’intersection de AB et de la droite est le point C recherché.En effet, on considère au contraire un autre point C, différent de C, sur la droite.  On trace aussi AC et les segments isométriques CB et CB (ils sont isométriques car ce sont des côtés homologues dans des triangles isométriques).  Puisque la réflexion est une isométrie, on a d’abord que mAC+mCB=mAC+mCB=mAB et ensuite que mAC+mCB=mAC+mCB.  En considérant le triangle ACB, il devient apparent que mAC+mCB­>mAC+mCB=mAB (dans un triangle la somme des mesures de deux côtés est toujours plus grande que la mesure du troisième).Le point C tel qu’on l’a défini étant effectivement celui recherché !  En dernier lieu, on considère la figure suivante, dans laquelle on a identifié des angles.

Les angles α et γ sont isométriques puisqu’ils sont opposés par le sommet.  Le angles β et γ sont eux aussi isométriques puisque ce sont des angles homologues dans des triangles isométriques (qu’on peut démontrer avec le cas CAC d’isométrie).  Par transitivité on trouve que les angles α et γ sont isométriques.  La solution optimale correspond donc à la situation où les segments AC et CB forment des angles isométriques avec la droite.

Ce dernier résultat nous permet d’examiner, entre autres, des propriétés de l’ellipse et de l’hyperbole.

Par exemple, on considère les points P et Q, du même côté de la droite D, et le point C qui minimise la distance mPC+mCQ.  On sait maintenant que les segments PC et CQ forment des angles isométriques avec la droite D.

Appelons 2a cette distance minimale mPC+mCQ.  Le lieu de points dans le plan tel que mPC+mCQ=2a est une ellipse de grand axe 2a et passant par C et dont les foyers sont P et Q.

La droite D n’a d’autre choix que d’être tangente à l’ellipse.  Supposons le contraire et qu’elle coupe l’ellipse en C et un point autre que C.  Une portion de la droite est donc dans la partie intérieure de l’ellipse.  Pour un point R sur cette portion de la droite à l’intérieur de l’ellipse, on a mPR+mRQ<2a.  On obtient une contradiction ! On aurait trouvé un point R pour lequel mPR+mRQ<mPC+mCQ ce qui est bien sûr impossible puisque c’est avec C que l’on obtient la distance minimale.  On vient de prouver une propriété importante de l’ellipse : les segments qui relient les foyers à un point sur l’ellipse rencontrent la tangente à l’ellipse en ce point avec le même angle.

Un raisonnement similaire nous permet d’examiner une propriété analogue dans l’hyperbole.  On suppose cette fois-ci que les points P et Q ne soient pas du même côté de D.

On cherche à trouver le point C qui maximise |mPCmCQ|, c’est-à-dire la valeur absolue de la différence de mPC et mCQ (notons au passage que la droite D ne peut être la médiatrice de PQ puisque dans ce cas, l’expression |mPCmCQ| serait nulle partout, la médiatrice de PQ étant le lieu de points équidistants de P et Q).  Pour résoudre ce problème, on identifie P, réflexion de P par la droite D.  On considère un point C quelconque sur la droite.Les segments CP et CP sont isométriques puisque ce sont des côtés homologues dans des triangles isométriques (qu’on peut démontrer avec la cas d’isométrie CAC).  On considère aussi CQ.

Dans le triangle CPQ, il est apparent que la quantité |mCPmCQ| n’est jamais plus grande que mPQ (la différence des mesures de deux côtés d’un triangle n’est jamais plus grande que la mesure du troisième côté).  Et c’est seulement si les points P, Q et C sont alignés sur une même droite, c’est-à-dire si C est en C sur la figure, qu’on obtient l’égalité |mCPmCQ|=mPQ.  Comme CP est isométrique à CP, le point C correspond à la solution (le maximum recherché).  Appelons 2a cette différence en valeur absolue maximale |mCPmCQ|=mPQ.  Le lieu de points dans le plan tel que |mCPmCQ|=2a est une hyperbole passant par C et dont les foyers sont P et Q.

Un raisonnement similaire à celui emprunté pour l’ellipse nous permet de conclure que la droite D n’a d’autre choix que d’être tangente à l’hyperbole en C puisqu’en effet, pour un point R situé entre les branches de l’hyperbole, on a |mRPmRQ|<2a et pour une point S situé de l’autre côté des branches (dans les régions qui contiennent les foyers), on a |mSPmSQ|>2a.

Si Q est plus près de D que P, comme c’est le cas dans notre exemple, alors la droite D touchera la branche à proximité de Q et vice-versa.  Enfin, si P et Q sont à la même distance de D, la droite D ne sera pas une tangente mais bien une asymptote de l’hyperbole.  En effet, si P et Q sont à la même distance de D, la droite PQ sera parallèle à D et il nous sera impossible de trouver C.  On vient de prouver une propriété importante de l’hyperbole : les segments qui relient les foyers à un point sur l’hyperbole rencontrent la tangente à l’hyperbole en ce point avec le même angle.

Référence : R. Courant, H. Robbins et I. Stewart (1996), What is mathematics ?

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